Couverture du livre La Mort d'Ivan Ilitch, de Tolstoï

Éditions GALLIMARD – COLLECTION FOLIO CLASSIQUE (n°3011)

LA MORT D’IVAN ILITCH

Une approche quasi clinique de la vie et la mort

Un ouvrage de Léon Tolstoï
Un résu­mé-cri­tique de Francis Jubert

Ce livre évoque, selon une approche presque cli­nique, la vie puis l’a­go­nie et la mort d’un homme qui prend conscience tar­di­ve­ment qu’il a gâché sa vie en vou­lant se confor­mer aux atten­dus de la socié­té, à ce que Roland Gori * aurait appe­lé « la tyran­nie des normes » qu’il avait, de son vivant, par­fai­te­ment incorporées. 

Dans cette nou­velle à pro­pre­ment par­ler « cathar­tique », véri­table des­cente aux enfers de la dou­leur, l’angoisse exis­ten­tielle et les ter­reurs intimes d’Ivan Ilitch sont froi­de­ment retrans­crites sur le papier. 

Tolstoï a choi­si une orga­ni­sa­tion assez curieuse pour son roman qui s’ouvre par le décès d’Ivan Ilitch. Le bal des cyniques lors de la veillée funèbre qui s’ensuit imprime au récit une ten­sion dra­ma­tique stu­pé­fiante en même temps qu’une beau­té dou­lou­reuse et troublante. 

Tolstoï nous fait remon­ter le temps pour nous pré­sen­ter un homme tel­le­ment péné­tré de son impor­tance qu’il en était deve­nu invi­vable, au point de créer autour de lui un désert d’indifférence. 

L’épreuve de la mala­die, la bru­ta­li­té de son sur­gis­se­ment, va trans­for­mer en pro­fon­deur le haut fonc­tion­naire péters­bour­geois qui vivait jusqu’à pré­sent dans l’illusion, le mensonge.

Ivan Illitch va prendre subi­te­ment conscience de l’absurdité de sa situa­tion, cher­cher à sor­tir du splen­dide iso­le­ment à l’intérieur duquel il s’était enfer­mé pour décou­vrir le prix de l’hospitalité et les bien­faits de l’« aidance ».

Grâce à son ser­vi­teur dont les marques d’attention n’ont rien de ser­vile, il fait l’expérience de sa vul­né­ra­bi­li­té, com­prend qu’il va lui fal­loir « lâcher prise », autre­ment dit ces­ser de jouer un per­son­nage pour deve­nir une per­sonne sen­sible à ce qui est humain dans l’homme.

Il pen­sait qu’il était vivant, maître de sa vie. Son ser­vi­teur lui révèle avec bien­veillance que sa vie s’est dérou­lée jusqu’à pré­sent « toute de tra­verse », que non seule­ment il n’est pas invin­cible, tout-puis­sant comme il le pen­sait, mais qu’il est en réa­li­té au seuil de la mort : « la vie glis­sait sous lui ».

En conclu­sion de cette nou­velle : Ivan Illitch com­prend que son état est cri­tique, qu’il n’est plus temps de se men­tir résu­mé dans cette phrase : « Et si vrai­ment ma vie, ma vie consciente ne fut pas ce qu’elle aurait dû être ? ». Il pro­cède alors à un dia­logue inté­rieur bou­le­ver­sant dans sa soli­tude tour­men­tée d’a­go­ni­sant pour fina­le­ment accep­ter l’inéluctable fin de sa vie. 

Lev Nikolaïevitch Tolstoï (en russe : Лев Николаевич Толстой), dit Léon Tolstoï, est l’un des plus grands écri­vains russes. Auteur de nom­breuses œuvres comme « Guerre et Paix », « Anna Karénine » et « Résurrection ».

Qu’en pense la critique ?

Revue Médicale Suisse – 19 novembre 2003
« La mort d’Ivan Ilitch n’est pas un livre par­ti­cu­liè­re­ment gai. Il est au contraire pesant par l’introspection dou­lou­reuse qu’il met en intrigue, par l’évocation de la souf­france phy­sique et morale de son héros, seul thème du livre, par l’expression de sa révolte. Et pour­tant, c’est un livre à lire et à relire ». Extrait du Bouche à Oreille de Micheline Louis-Courvoisier.
(Source : Revue Médicale Suisse)

La Mort d’Ivan Ilitch pré­cé­dé de Trois Morts et sui­vi de Maître et Serviteur est paru aux édi­tions Gallimard – Collection Folio Classique le 23 octobre 1997.
288 pages – ISBN : 9782070394333

* Référence : Roland Gori

Publié le 25 jan­vier 2024 – Jeanne Testard 
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